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Sortie !
--> Liberté, sortie et... Hum.
Je suis sortie jeudi. Jeudi du centre, en disant qu'il fallait que je me trouve un CMP toute seule. Il a oublié mon arrêt. Stupide psy.
Une araignée m'a expliqué en quoi ça consistait hier, un CMP.

Rosé et bon vin rouge m'ont accompagnés hier, avec un bon kebab et une araignée.
Ca fait du bien de manger ce qu'on veut.
J'ai plus parlé qu'avec personne depuis Gwen.
Parlé, comme une évidence. Je voulais aider et j'ai été aidée.
Je vais mettre crument ce que j'ai marqué là-bas. Ce qui ne va pas, et ce qui ira bien/pas.

Qui lira, verra et comprendra.

Chère soeur qui passe parfois, ne me juge pas: je suis juste fatiguée.
Voici.


Dimanche.
Ma soeur s'inquiète pour moi alors qu'elle pense que je suis juste surmenée à cause du travail.
N'importe quoi. Ce qui me fait le plus mal c'est Gwen, maman et quand Lolo crie. Pas le travail. Et le sommeil qui fait, n'importe quoi, et mes règles avec plus d'une semaine de retard. Mais j'ai fait un test (pour éviter la prise de sang), négatif, mon colonel !
L'infirmière a dit que c'était le stress et le traitement. Bon.
J'ai oublié de demandé pour ma tête. Mais entre temps j'ai eu les cachets qui font faire dodo, ça devrait suffire.
J'ai peur de fermer les yeux avec les visions que j'ai.
J'ai peur de dormir parce que je me réveille toujours et que ça fait que j'ai le cerveau qui réagit plus bien, qui déconne, qui me fait faire de mauvaises choses.
J'ai peur de mes pensées. Les idées noires qu'ils disent.
J'ai peur de l'avenir. De demain mais aussi du lointain.
J'ai peur de rester trop longtemps ici.
Et j'ai peur de retourner à la maison, parce que ça rassemble pleins de choses.
Dodo. J'ai prié. Je sais pas prier.


J'ai parlé à un infirmier de nuit, il s'appelle Michel. Il m'a dit de m'enlever les idées noires, que c'était pas bien pour moi. Et que c'était bien pour ceux qui m'aimaient pas. Et mal pour ceux qui m'aiment. Il a dit que j'étais surtout isolée vu j'ai que D. comme ami.
Mais je trouve que je l'embête beaucoup trop.
J'ai parlé à Michel jusqu'23h. Il est amusant.
Et je pense qu'il a raison pour l'isolement.
Mais il n'a rien dit sur les ombres que j'ai vues cette nuit.
C'est pour ça que j'ai été le voir.
J'ai eu peur des ombres qui bougeaient.
Je suis rentrée prudemment dans la chambre, avec la lumière à fond.
J'ai eu peur parce que ça a fait comme à l'autre hôpital.
J'ai des hallucinations quand je suis seule dans le noir.
Je suis vraiment barrée. J'aimerais parler à l'Araignée pour qu'elle me dise que je suis pas folle, c'est juste les médocs.
Je vais essayer de dormir, je sais pas si je laisse la lumière allumée.
Je suis si fatiguée. J'espère qu'ils éteindront pas.
S'il vous plait.

Lundi.
Je sais pas dormir 23h40. Ca me rappelle l'autre hôpital.
J'ai repensé aux visions, la main qui sort de la terre comme un zombie, aux bébés avec une tranche qui sort toute seule.
Je suis fatiguée mais j'arrive pas à fermer les yeux à cause des flashs.
Des scènes bizarres (la femme au train), les chiens chinois en statue tireurs de pousse-pousse qui faisaient des pompes.
Il y avait les espèces de scarabées-cloportes qui sortaient d'une espèce de bouche d'égout genre mario, qui menait à la nature. 3. Et puis ça a rembobiné, je sais pas pourquoi. Ils sont rentrés à reculons dans leur trou.
Et puis il y avait La Chose de la famille Addams qui dansait du RnB devant une moitié d'ambulance.
Et puis les autres bébé attachés entre eux, vu d'en haut. Je savais qu'il arrivait du mal à ces bébés. Mais je sais pas quoi. Je n'ai plus osé vraiment fermé l'oeil. Les infirmiers m'avaient pris du sang quand je leur ai dit pour les hallus sur les murs.
La porte qui se rapproche, la fenêtre qui veut s'ouvrir d'une manière qu'elle peut pas.
Le plafond qui tressaute, la trappe qui va tomber et un truc qui va sortir.
Les perfusions qui bougeaient toutes seules.
J'avais même les haricots pour cracher dedans qui se rapprochaient du bord.
Et puis je sentais plus ma main gauche, et elle tenait la main en caoutchouc d'un monstre.
Ca devait être dû à la codéine ou bien on m'a pas cru et on m'a cru folle.


Je reviens du monsieur le psy.
Il m'a parlé de "Château Le Vaux" je crois à visiter pas loin. Je voulais lui demander la permission pour aller faire la photo d'identité. Et si la semaine prochaine je reprend le boulot.
On m'a proposé le cdi, mais je dois savoir quand je sors.
Alors mr le psychiatre ? Qu'en pensez vous ?
J'ai été dans le bureau, et je sais que c'est pas bien. J'ai lu le dossier, pour essayer de comprendre comment et dans quel état je suis arrivée ici. Mais je sais pas ce que ça veut dire "aboulie", "asthénie" et le sens réel de "apathie".
J'ai la permission de 14-18h. Il faut que je fasse des photos.
Des papiers pour la carte vitale.
Je vais me reposer une petite heure et après j'irais.
J'ai peur d'avoir des amis ou des gens trop proches parce que je veux pas les perdre comme Gwen ou ma mère.

[Plus tard]
Je suis sortie en centre ville aujourd'hui.
Comme j'étais perdue, on m'a guidé, on m'a fait visiter, et puis j'ai eu un jus d'orange. Il était gentil mon guide (comme Nathalie), on s'est parlé, puis on s'est promené le "long des quai de seine". C'était joli.
J'étais fatiguée alors on a commencé à repartir. En passant devant chez lui, il m'a invité à entrer.
J'ai eu peur, alors j'ai dit non. Que je devais rentrer.
Et seule, pour que j'arrive à me repérer.
Je suis fatiguée. La dame à qui je parlais a changé de service. Et les filles sont enfermées. Je sais pas à qui parler donc dodo. Ou lecture un peu et dodo. Je sais pas.
J'ai pas pu dormir. Le portable a pas arrêté.
Mais j'ai pu parler à l'Araignée qui va pas bien. Je crois que je l'ai rassurée. J'ai prié pour elle, même si je sais pas prier.
J'espère qu'elle ira mieux demain. J'attends les cachets. DODO


Mardi.
Aujourd'hui, rien. J'ai relu Hygiène de l'assassin.
Toujours fatiguée, j'ai encore vu les ombres bouger.
Les cachets ne m'aident pas vraiment. Je met encore plein de temps pour m'endormir.
JE SUIS FATIGUEE.
Je veux arrêter les souvenirs de Gwen et de maman mortes.
Je veux arrêter les disputes avec Laurent.
Je veux arrêter d'avoir peur des ombres quand j'essaye de dormir.
Je veux arrêter les flashs qui font peur ou qui sont bizarres.
Je veux arrêter de me faire du mal quand ça va pas.
Je veux arrêter... Stop. Silence. Dormir, coma ? Mourir ?


Mercredi.
Mal dormi cette nuit. Réveillée vers 4h, mais rendormie vers 5h30 d'après ma montre. Les cachets berk sont nuls.
Je suis encore fatiguée mais j'ai pris une douche après le p'tit déj.
Je dois voir le psy. Lui demander si je sors cette semaine et une permission jeudi aprèm avec Lolo.
Informer Corinne pour savoir le cdi ou pas.
Je dois sortir cette semaine.
Mais là je suis fatiguée, je vais faire un tour et dodo.

J'ai vu le psy, je sors demain à 15h.
Faut que je demande les papiers, sinon j'aurais pas de sous ce mois-ci. Je suis toujours fatiguée, mais je suis contente.


Jeudi.
J'ai débarrassé ma chambre, donc j'attends pour manger dans la salle télé. Suis fatiguée mais ce soir on ira manger dehors avec de l'alcool !
Et demain je vais peut-être voir l'Araignée pour de vrai.
Elle va pas bien donc je vais essayer de convaincre Lolo pour aller l'aider, lui parler en vrai.
Et elle pourra m'aider pour les CMP, je sais pas trop c'est quoi en vrai.
J'attends dehors parce qu'il fait plus chaud (avec le soleil) que dans le centre.
J'ai prêté mon portable à Thierno, il est gentil.
J'aimerais que le temps passe plus vite.
Pleins de choses à demander: - Papier sécu/mut
- CMP
- Araignée
- prévoir le miam du soir.
Je vais pas forcément mieux, mais je sors d'ici, c'est mieux.
Ecrit par Volesprit, le Samedi 27 Septembre 2014, 23:50 dans la rubrique Divers blablas.

Commentaires :

mondaye
01-10-14 à 22:22

La Soeur

Ma très chère petite, toute petite sœur que j'aime fort.

Je sais parfaitement pourquoi tu étais là bas. Je sais aussi parfaitement qu'au jour d'aujourd'hui, la sœur que je suis ne peut pas t'aider. Je ne peux que te soutenir dans ma tête, de loin, t'aider à trouver un équilibre dans la vie qui te permettra de vivre sereinement avec ton - notre - passé. Donc, à défaut de décortiquer avec toi un passé douloureux, j'essaye de te prêter mes maigres clés qui, dans mon cas, m'aident à garder un cap vers l'avenir, m'aident à demeurer positive et à garder la tête froide et les idées claires sans m'effondrer. Je parle donc du présent qui selon moi ne te donne pas la place d'être sereine et exacerbe tes douleurs.

[]

Je pense souvent aux gens que j'aime. J'ai peur de les perdre. Il n'y en a pas tant que ça, mais ceux que j'aime, je les aime énormément. Alors j'essaye (oui oui) d'extérioriser un peu ça, par ci par là. Ça ne se voit pas ? Je le regrette.
Et, c'est morbide, mais je me prépare souvent à ce que le pire arrive... Comme ça, je me dis que je ne m'écroulerai pas si il arrive, que je pourrai faire face, et que "ça ira". Chacune son truc. J'ai juste du mal avec toi, c'est drôle. Quand Papa m'a appelée pour me dire qu'il n'avait pas de nouvelles et m'en demander, je me suis effondrée à genoux dans la salle de pause en pleurant toutes les larmes de mon cœur. J'ai pensé : "non, tout mais pas ma petite sœur". 

[]

Papa savait que tu étais sortie, je l'ai tenu informé. Je lui ai dit de ne pas te harceler pour ne pas que tu vois qu'on s'inquiète.

[]

Quand je pense que je pourrais te perdre, je pense aussi à ce matin où je suis venue te réveiller doucement (la seule fois d'ailleurs) et où tu as hurlé de peur. Je me souviens de la peur de maman dans sa voix et dans ses yeux quand elle a escaladé les escaliers pour nous rejoindre. Certes, on en a rit. Mais tu vois, cette fois là, elle aussi elle a imaginé le pire. Et son regard dans mon souvenir me rappelle combien elle nous aimait et combien la disparition de l'une de nous lui aurait été insupportable.

[]

Je te lis toujours mais je ne pense pas te juger souvent. Je comprends et sais plus que je n'en dis, mais c'est plus facile de faire la conne.

Avec tes voix, tu t'en sortiras j'en suis sûre. Je mets juste un veto sur l'alcool, étant donné nos antécédents familiaux. Mais tu connais mon point de vue.

J'aimerais que nous puissions avoir plus de temps. Je suis bien avec toi, on a les même références, les même blagues drôles que pour nous, les même souvenirs. Je t'aime ma ptiote, heiiin !

 
Volesprit
02-10-14 à 10:20

Re: La Soeur

Ma chère, très chère, très très chère grande soeur que j'aime très très fort.

Ca m'attriste de savoir que tu sais pourquoi j'y étais. Et sûrement que papa le savait aussi, parce qu'il me parlait du travail, du travail qui fatigue énormément. Mais on pleure pas quand on parle juste de travail, même s'il pense que ça s'entend pas au téléphone, et qu'il savait la dernière fois aussi...

Moi aussi je me rappelle cette scène où j'avais hurlé, hurlé, hurlé et où mon propre cri m'avait réveillée. Cette scène où je vous ai vues, toi toute recroquevillée parce que tu comprenais pas pourquoi je hurlais, et maman les yeux grands ouverts toute alarmée presque en pleurs et qui avait dû se faire mal à monter les escaliers quatre à quatre pour arriver. Et moi qui réalisait pas. Qui a hurlé comme ça ? Qui m'a réveillée ? Pourquoi toi et maman dans ma chambre ? Et je vous ai vues.
Et j'ai su que le cri venait de moi.


Je n'ai pas les idées claires, parfois j'oublie des choses, des choses importantes comme les bons moments avec elles. Et j'oublie pas les mauvaises choses. J'ai du mal à me rappeler vraiment maman. Je me souviens d'un cactus et la tête de maman, les yeux grands comme des soucoupes qui m'avait dit d'une voix blanche "Volesprit, viens là et bouge pas ton bras".
Parce que le cactus m'avait fait de l'acupuncture sur tout le bras. Et j'avais rien senti. Et maman avait eu peur. J'étais petite. Je voulais récupérer un ballon. Mais le cactus avait envoyé ses épines et il avait éclaté dans mes mains.
Et puis après, maman m'avait soigné le bras avec une pince à épiler, et là ça piquait fort quand ça sortait.

Et je me souviens de la boutique pour Tacounet et ton Bambi avec toi, maman, papa et moi.
C'est le dernier souvenir que j'ai qu'on a fait tous ensemble je crois. Mais je suis pas certaine qu'on était tous là ou si c'était bien nous. Si mon cerveau me joue encore des tours, ou non.

Je viens de me lever, j'ai appelé la madame psy de l'araignée, mais je sais pas si elle va comprendre mon message, j'aime pas appeler, j'ai peur.
J'aime pas répondre non plus. Parce que c'est comme ça que les mauvaises annonces tombent. Je suis désolée pour cette fois-là. Papa conduisait, et je venais d'apprendre la nouvelle. Je voulais te le dire gentillement. Que c'était fini, que son petit coeur avait lâché. Que maman ne souffrait plus. Sauf que j'ai craqué, je t'ai tout dit avec les mots moches et crûs que tout le monde utilise.
"C'est maman... Elle est morte". Je te l'ai dit. Et j'ai pleuré. Je m'en voulais de t'avoir dit ça. Je m'en serais gifflée. Mais j'ai pas pu le dire autrement parce que j'avais pas réalisé avant. Et en te le disant, j'ai compris que c'était vrai. Que je la reverrais plus. Et j'ai lâché les mots en les comprenant. Même que papa m'a engueulé parce que j'aurais pas dû le dire comme ça. Je comprenais ce qu'il voulait dire. Mais je pouvais pas.
J'ai peur de répondre au téléphone aux gens que je connais, car c'est comme ça que les mauvaises nouvelles tombent. "Volesprit, tu t'habilles, on va voir ta mère parce qu'on vient de m'appeler, ça va pas bien. J'arrive dans une demie heure". J'ai pris une douche rapide, j'étais en train de m'habiller. Et puis.
"Volesprit... C'est plus la peine de te dépêcher, c'est fini. Ils ont rappelés, c'est terminé". J'ai disjoncté, dans ma tête c'était comme une blague de mauvais goût, jusqu'à ce que papa me demande de te l'annoncer pendant qu'il conduisait.

Tu sais, si les voix se taisaient, je pense que j'irais mieux. Mais il y a pas qu'elles en ce moment. C'est les ombres qui font peur, et les flash. De maman, de Gwen. De trucs bizarres.
Mais ça va, comme ils ont augmenté les doses de cachets-trucberk-dodo, je dors.
Y a juste quand je m'endors, si y a des ombres j'angoisse un peu, mais je finis par dodo. Au pire avec la lumière allumée, y en a plus.

J'ai jamais eu peur du noir.

Et tu le sais, je me souviens aussi d'une fois où maman (ou papa ?) avait éteint la lumière trop tôt et où tu avais sauté sur ton lit et recroquevillée.
Parce que toi, tu avais peur du noir. Je m'étais levée dans le noir pour te rallumer la lumière pour que tu puisses te coucher et t'endormir bien comme il faut. Et puis j'avais re-éteint une fois que tu t'étais couchée, plus sereine.

Ma grande soeur. Je suis désolée de pas être forte comme toi ou papa.
Je me souviens pas de grand chose de maman pourtant. Sauf qu'elle nous faisait des bonnes choses à manger, comme des "pâtes rouges" le mercredi midi ou des raviolis. Ce genre de choses toutes bêtes. Mais pas d'histoire qu'elle a pu nous dire (à part celle du grand père "elle s'est éteinte cette conne"), j'ai pas eu l'impression d'avoir vécu avec elle. Je n'étais pas vraiment là quand elle était là. J'ai pas profité de sa merveilleuse présence. Je me souviens que quand j'arrivais pas à dormir j'allais dans son lit. Qu'on avait rigolé à propos d'une phrase simple "j'te love, j't'aime". Pis après je me faisais virer quand papa arrivait et qu'il s'énervait parce que je lui avait "chauffé sa place".

Pour Gwen, c'est différent, je me souviens de pleins de choses. Mais j'ai peur de perdre le positif et de garder le négatif.
Je me revois avec elle dans le hall, à écouter du Linkin Park, ou bien avec ses amies de l'internat. Je me souviens qu'on était allongées sur l'herbe quand il faisait beau. Je me souviens qu'elle était forte dans une langue et que je connaissais les réponses, une fois qu'elle était partie, mais que je voulais pas répondre parce que je savais que ça aurait dû être elle qui devait donner la réponse. Alors j'ai pleuré qu'elle était pas là au lieu d'être là.
Je me souviens que c'est elle qui m'a fait rire, et faire des amis, ouverte à la vie.


Et je sais qu'elle aimait la vie, elle.


Et quand je suis dans un café avec quelqu'un qui s'absente. Je vois mon verre, et un autre verre avec une place vide. Je pense qu'il aurait dû y avoir une personne à cet endroit. Et j'ai envie de pleurer.

Et j'aime pas l'hôpital. J'ai fait une crise de panique avant de parler à la réceptionniste de l'urgence psychiatrique. Je me suis enfuie, comme souvent.
Plus de réflexion. Juste je bouge parce qu'il faut sortir. Peur.
Et puis je suis revenue et j'ai pu lui parler. Et parler aux dames dans une salle. Elles notaient. Elles ont vu que j'étais plus calme.
Puis elles ont dit, comme une conclusion à l'entretien "C'est bien que vous soyez venue avant de faire des bêtises".
Et j'ai fondu en larmes. Parce qu'il manquait toute une boite de cachet dans mon sac, et je savais pas où ils étaient. "C'est trop tard" j'ai dit, en pleurant.
Et là, elles sont sorties, je voulais partir. Mais il restait toujours une dame. Et après y a eu l'ambulance jusqu'à Pompidou avec la nuit des hallus.

Puis plus tard, le "centre de repos" où je me suis sentie mieux. Je me sentais bien là-bas.
Au calme. Je voulais rester. J'étais dans une bulle où on s'occupait de mes besoins primaires, où j'avais plus de problèmes, à part les ombres et les hallus. Mais j'étais au calme, et c'était bien.

Mais je devais travailler alors j'ai demandé au psy de sortir plusieurs fois. Et j'ai fini par sortir.
Et j'ai repris le boulot, où on m'a assommée. Lundi. Fin de contrat mardi.
On m'avait dit qu'on renouvellerait une nouvelle fois et ensuite cdi ou plus rien. On m'avait dit "pour que tu sois plus stable dans tes projets, et que tu puisses être au calme et prévoir dans ta tête pour 6 mois encore".
Et lundi, le jour où enfin, après tant de temps à demander au psy de sortir, le jour de travail-contre-avis-médical, on me dit "Non, tu peux pas rester, la dame a appelé vendredi et elle revient mercredi".
J'ai souris. Je souris tout le temps. Le sourire "confédérateur".
Il marche tout le temps, ce sourire, faut pas jeter la pierre à Zak, il m'a bien servi. Surtout sur les psy-chiatre-chologues. J'adore Zak, mais j'ai plus de nouvelles. Je vais envoyer un message pour dire merci. Ca marche.

Je pense en avoir fini. Tu as mis un veto mais c'est plus fort que moi, sinon je vais pas bien. Je m'anesthésie le coeur avec. Sinon je me fais du mal et j'atterris je-sais-pas-où, et je-sais-pas-comment. C'est ça, ou bien de la douleur physique.
Mais je veux pas physique. Déjà fait avant. Et puis ça se verrait trop pour Laurent. Il s'inquiète trop.
Je suis fatiguée alors je vais m'arrêter là, grande soeur. Je t'aime fort. Prend soin de toi.

PS: Je passerai peut-être te voir pour quand y aura plus de boulot à faire pour moi ;)

 
mondaye
03-10-14 à 08:21

Re: La Soeur

Oui on sait mais comme on ne peut pas vraiment t'aider, on ne peut pas entrer dans ton neurone, alors on se focalise sur le tangible. Pourquoi il penserait que ça ne s'entend pas ? Il t'aime, il m'aime et il fait de son mieux pour être là pour nous. Pour ce qu'il peut, parce que les problèmes de neurones c'est pas trop son truc c'est un nounours bourru avec des grosses patounes pas délicates alors bon.

C'est sûre que tu étais là quand maman était là parce que tout ce que tu viens de raconter, moi, je ne m'en souvenais pas avant que tu l'écrives ! 
Le problème de nos souvenirs, c'est qu'ils sont entachés parce que maman était déjà mal ou malade. On a eu de la chance de l'avoir quand même toutes ces années avec nous. 
Moi j'ai plaisir à me rappeler nos vacances en Bretagne à visiter Belle-Ile dans le vent avec nos cirés multicolores. Tu as écouté la chanson dont je t'ai parlé à ce sujet il y a longtemps ? La version de Stacey Kent "Les vacances au bord de la mer". Même si c'est vrai que je me souviens aussi qu'elle n'arrivait pas tellement à marcher parce qu'elle avait mal aux jambes et que juste après les vacances elle a été hospitalisée.

Je me souviens de la soirée d'hiver où Chipie nous est arrivée dans un scooter contre l'avis de Papa. On était toute contentes d'avoir fait un coup bas à Papa ! 
Sauf qu'en fait, maman a dit oui au monsieur parce qu'elle avait bu ce soir là.

Je me souviens de m'être assise avec maman dans un des fauteuils du salon et d'avoir créer pour la faire rire mon spectacle de doigts avec Albert et Ginette.
Elle rigolait (aussi) parce qu'elle était bourrée.

C'est vrai que c'est triste, mais ça n'enlève pas l'amour qu'elle avait pour nous. Quand on partait en vacances chez nos grands mères, elle était tellement contente de nous avoir au téléphone. Et quand on rentrait, nos chambres étaient parfaites avec nos lits douillets faits avec amour. 
Et elle organisait nos anniversaires, à nous demander ce qu'on voulait qu'elle cuisine. Ah, c'est sûr que pour faire une aussi bonne cuisine, il devait y avoir quantité d'amour ! 
Et elle se tapait toutes nos réunions scolaires, elle organisait les parents d'élèves. C'est tellement chiant qu'il faut aimer pour faire ça aussi non ?

Je me souviens de repas, le soir. Elle cuisinait pendant qu'on racontait nos journées d'école. Et même qu'elle m'aidait à retenir les leçons. Surtout l'histoire géo : "moi j'ai jamais appris mes leçons d'histoire et maintenant je le regrette parce que j'ai l'air bête".

Je me souviens de nos dimanches soir : e=m6, vidéo gag, bain, pyjama et pizza.

Et puis oui, la nuit, les nuits trop longues, on pouvait toujours aller la voir. Rien ne me rassure autant que de repenser à sa manière de me caresser le bras pour me calmer.

[]

J'ai beaucoup plus de souvenirs avec toi.

Les parfums, la boue, nos cabanes, nos matelas de jouets, nos bébés peluches, les Arbres de Noël, tes multiples péripéties aventurières, la mare et les têtards, les mercredi après midi, et tant d'autres.

[]

Tu n'as pas à t'en vouloir pour ce jour là, dans la voiture. Peu importe que ça ait été toi, et peu importe la manière, ce qui comptait était le message. Et quand je repense à  la collègue conne comme ses pieds qui était avec moi dans le vestiaire et qui a cru que d'un coup, j'allais lui déballer ma vie... Pff.

[]

Tu me dis que tu n'es pas forte... Et juste après, tu me dis que c'est toi qui éteignait la lumière pour moi. Tu ne crois pas qu'il y a une Ingrid forte, quelque part dans tes voix ? Une Ingrid qui tape les cons avec ses bouquins de fantasy ? Une Ingrid qui s'en fiche des autres et qui va quand même créer son parfum pour sa maman (même s'il est douteux), son dessin (même si elle y connait rien), et qui va supporter tous ces cons au travail juste pour essayer de s'en sortir ? Que ta voix écrase un peu les voix qui te font chier. Une Ingrid qui, au lieu d'enterrer ce qui lui fait mal, essaye de s'y confronter. Papa et moi on met en arrière plan parce qu'on a du mal à appréhender ce qui nous contrarie et ne va pas comme on veut. Toi, tu essayes de t'y confronter. C'est courageux. C'est peut être risqué, je ne peux pas te suivre. J'espère que tu vas arriver à te faire une raison, à faire ton deuil, et à trouver ta sérénité.

Moi je suis mieux dans ma tête depuis que j'ai rencontré Léa, mon ancienne patronne au Jeff. Tu vas aller travailler pour elle, ça te fera du bien !

[]

Je te supplie de te trouver une occupation d'esprit qui t'évite de boire ou de "faire une connerie". Je ne pourrai pas t'aider et je ne pourrai pas supporter de savoir que les choses se passeraient comme avec maman. Maman qui n'a jamais fait le deuil de son papa... Et comme Jean-Noël, qui n'a jamais fait le deuil de l'absence de son papa... Bordel, non. Bats toi ma petite ! Ne deviens pas comme eux.

[]

Je dois aller travailler.
J'ai de la peinture à faire dans la maison... You're welcome!

Je t'embrasse.

 
Volesprit
03-10-14 à 10:17

Re: La Soeur

Le problème de la Ingrid forte, et qui tapait les gens avec ces pavés de livres fantasy, c'est qu'elle est bien à bout de force...
Si tu savais combien elle est fatiguée, cette Ingrid là.
Maintenant elle se laisse faire par Déprime et Tristesse. Ces deux-là, elles font la paire. Et elles bastonnent dur.

Je me souviens pas vraiment de Belle-Ile. Je me souviens juste de la photo que papa avait pris de moi en train de faire "V".

Je ne me souviens pas de maman en train de m'aider pour les devoirs, à part pour une fois. A cause de moi, je sais plus pourquoi. J'avais récolté 2-3 punitions à faire pour le lendemain. Et j'avais épuisé deux stylos avec toutes les lignes qu'ont m'avait fait faire. Et maman, qui m'encourageait. Et qui était montée au front. Qui avait écrit un message à la maîtresse. Parce que j'avais dû écrire une centaine de mots je crois. Je me souviens de la maitresse qui avait répondu "Ingrid a eu une punition parce qu'elle n'avait pas fait ses devoirs. Aujourd'hui elle a eu 10/10 en dictée de mot". Méchante.

Je ne savais pas que maman riait parce qu'elle avait bu. Je ne comprenais pas à l'époque.

Je me souviens qu'un jour, dans la cuisine, tu m'avais fait rire et que papa était pas là, alors j'avais pris la place de maman et maman celle de papa. Et j'étais en train de boire. Et que maman avait tout reçu sur la figure. Et qu'on rigolait, tandis qu'elle, elle essayait de pas rire avec nous. J'espère ne JAMAIS oublier cette fois. Ce mini-sourire quand elle ne voulait pas montrer qu'elle voulait rire, mais qu'elle y arrivait pas vraiment. J'espère, ô combien j'espère ne jamais oublier son visage à ce moment là. Vraiment. JE NE VEUX PAS OUBLIER MAMAN.

Je veux savoir ce qu'elle a eu EXACTEMENT et je demanderais autant de fois qu'il faudra. Je sais pour Gwen, mais je sais pas vraiment pour maman. Et ça me fait mal. Parce qu'ils me demandent tous "Et ta maman ? Tu en parles jamais" les gens. Elle est décédée, ET JE SAIS PAS DE QUOI. Et ça fait mal. J'ai mal.
Je suis épuisée.


 
mondaye
03-10-14 à 13:51

Re: La Soeur

Tu vas remuscler tout ça c'est sur !
Regarde moi : qui aurait cru que j'arriverais un jour à aligner mes pas assez vite pour dire que je cours ? Pas de raisons que toi tu ne deviennes pas Rocky!

Pour Belle-Ile, tu dois mieux te souvenir de l'appartement de Port Navalo, du quai ou on se promenait tout le temps, à réclamer des gadgets et des moules frites, on allait a pieds a la plage, en passant par les petits chemins et les bosquets, on aimait aller au resto du copain de papa pour jouer a son jeu video... Et le bateau pour les iles, avec le vent ?

Maman montait toujours au front même quand on avait un peu tort...!!

Ce que je sais meme si c'est décousu : vers 1995, elle a eu son cancer de l'uterus ou des trompes je crois, celui pour lequel nous avons été vaccinées. Elle a été soignée par rayons, on etait petites et papa nous a emmené la voir et lui a offert le "R" en or. Après elle a repris le travail vers 97 je crois, on etait souvent avec mamie moinet c'est pour ca l'ecole de beauval !! Au travail, le directeur de l'hopital faisait du harcelement sur elle et ses collegues en gros, elle montait au front mais du coup, elle buvait beaucoup. Ca, la cigarette aussi ont fait qu'elle a eu ses problemes aux jambes. Et puis, boire etait devenu une habitude depuis longtemps. Il a eu Gwen et toi qui etait pas bien (normal), on a du te changer d'ecole et ca lui faisait du souci. Tu n'etais pas la tu ne pouvais pas savoir mais elle buvait vraiment beaucoup et je ne la supportais plus comme ca, on s'engueulait, j'avais l'impression qu'elle ressassait toujours ses idées noires et noyait son chagrin pour ainsi dire, je la voyais s'eteindre a petits feux alors je l'ai obligée a aller voir notre medecin. Mme B lui a parlé, elle lui a dit de se soigner, pour nous. Tu aurais vu la tete de maman, son regard noir, comme une enfant vexée de s'etre fait enguirlander! Mais on a fait le traitement. Je dis on parce que j'ai vidé l'alcool de la maison et chaque matin, chaque soir, chaque nuit, j'inspectais tous les recoins pour jeter les bouteilles qu'elles rachetaient. Apres quelques mois, ca a été mieux. Je faisais tout pour lui occuper l'esprit. Après j'ai attaqué la cigarette. Elle avait presque arrêté avant de retomber malade en 2007, mais je me suis toujours dis qu'elle a du replonger apres que je sois partie de la maison, quand elle s'est retrouvée seule... Je n'en veux pas a papa parce que je crois que meme si je ne le sais pas, il avait deja du faire cette demarche auparavant pour tenter de la guerir de tout ca et qu'il n'en pouvait sans doute plus de la voir se meurtrir ainsi alors qu'ils auraient pu avoir des projets ensemble et profiter de la vie.
Apres, on m'a dit que les rayons avaient abimé ses intestins et donc qu'il fallait l'operer. Apres plusieurs mois de convalescence, de traitements, d'infections, de mauvais regime et sans doute parce qu'elle a du abandonner mentalement, c'est son coeur qui n'a plus tenu. Enfin, c'est ma version elle n'est peut etre pas exacte mais c'est tout ce qu'il y a dans ma memoire a ce sujet.

J'espere que cette mini sauvegarde t'aidera. Jpeux être ta mémoire. Jpeux aussi t'offrir des posts it pour ton anniversaire si tu veux.

Je t'embrasse et retourne bosser :)

 
Volesprit
03-10-14 à 14:09

Re: La Soeur

Ben tu vois, je me souviens pas de Beauval, à part les poux dans les cheveux à un moment.
Je me souviens de pas grand chose, mais Port Navalo oui. Après le vide jusqu'aux bouteilles que tu jetais.

Je me souviens qu'il y en avait même dans l'armoire de la chambre d'amis.
Je me souviens qu'un jour on avait dû la faire se coucher parce qu'elle restait là, dans la cuisine. Bourrée ou shootée aux médocs, ou au deux.
Que j'avais essayé doucement de l'amener à aller dans la salle de bain se changer, pour qu'on puisse la faire dormir.
Mais que toi tu étais folle, énervée après elle. Que tu lui avais crié dessus et qu'après elle avait pleuré en disant une vilaine phrase pour nous deux. Je ne la met pas parce qu'elle m'avait fait mal pour toi et que je sais pas si tu t'en rappelle ou veux t'en rappeler. Pour toi qui l'aidait.
Et moi je comprenais rien. Je pensais que c'était normal avec les cachets, et que maman ne buvait pas. Je comprenais pas, je comprenais pas. Je voyais pas.
Je vois tout en retard, t'as vu ? Ah Ah, bonne blague, hein...
Après tu étais partie en lui disant de se débrouiller dans la salle de bain, et moi je l'ai aidée à mettre son pyjama et à la mettre au lit aux pieds levés.

Et après, je ne sais plus trop, son occlusion. Et tout le reste.
Bon courage, grande soeur.