... ²
Je n’ai jamais été douée pour annoncer certaines choses.
Par contre, s’il y a bien une chose qui m’horripile c’est qu’on me mente.
Alors voilà : on m’a menti. Sur une chose très importante.
Qu’est-ce qu’il se passe en ce moment ? Qu’est-ce qui ne va pas encore dans mon petit monde ?
Ma grand-mère est à l’hôpital. Depuis le 31 décembre, elle est dans le coma. Aucun réveil possible. Bilan neurologique catastrophique.
Samedi, j’ai eu le courage d’y aller pour lui faire mes adieux, à son âge… C’est perdu d’avance.
Après des déboires plus ou moins habituels avec la sncf, je suis arrivée à l’hôpital. Et quel hôpital !
La moitié des bâtiments abandonnés, deux ou trois services qui se battent encore en duel, et basta.
Le tout, très mal indiqué.
Bref. Je trouve enfin la chambre de ma mamie.
Et là je me dis que j’ai du mal comprendre le numéro de la chambre. Je ne reconnaissais pas la personne qui était dans ce lit. Je me suis trompée ?
Non. La preuve est bel et bien là : le nom indiqué est le bon. Allons bon, ma pauvre mamie, mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Les chutes du Niagara dans mes yeux. Ce petit corps tout amaigri dans ce lit trop grand, qui dort et qui semble rêver, ma grand-mère ? Impossible !
Et pourtant, les rides de ses yeux, le nez, les cheveux grisonnants… C’est pourtant bien elle. Ça m’a sonné. Je n’imaginais pas ça. Ça m’a ôté tous les mots que je pensais pouvoir lui dire. Je me suis retrouvée muette et en sanglots devant le désastre.
J’ai fini par me reprendre, convaincue que de toute façon. J’étais là pour des adieux. Si ce n’était pas la preuve que tout allait finir bientôt que j’avais sous mes yeux, qu’est-ce que ça pouvait être d’autre ?
Après des bisous, des caresses, des pleurs et des au revoir, on m’a interrompue pour des soins. Je m’apprêtais à partir quand l’une des infirmière m’a signalé que je pouvais y retourner, et qu’elle était un peu réveillée. L’infirmière pas du tout choquée, et moi en mode « hein ? ».
Juste « hein ? » même pas de « quoi ? Kesskelladitlà ? ». Juste « heiiin ? »
Définitivement, en mode wtf, je décide de m’en assurer moi-même.
Effectivement, elle a les yeux ouverts, les rides plus accentuées, l’air plus « vivante » que tout à l’heure. Je décide de rester. De lui parler. L’infirmière lui hurle dans les oreilles un « VOUS AVEZ DE LA VISITE ! VOTRE PETITE FILLE ! » Et moi de me dire que ma pauvre grand-mère, qui n’est absolument pas sourde, allait finir par le devenir si elle subissait ça à chaque visite.
Je lui ai donc parlé, entre deux nouveaux sanglots.
Me comprenait-elle ? Savait-elle où elle se trouvait ?
Je le lui ai brièvement expliqué. L’accident, le coma. Ma surprise, également.
Et elle pleurait. Aussi peu qu’elle le pouvait, n’étant hydratée que par intraveineuse. Mais elle pleurait. Ce qui me laisse imaginer qu’elle pense, qu’elle est. Mais elle n’a pas réagit. Ou elle n’en avait pas la force, ou elle n’en avait pas les moyens. Je crois qu’elle a essayé de me parler. Mais je ne saurais dire si ce n’était que de l’espoir de ma part, ou une manifestation de frustration de sa gorge face à l’assèchement.
« Aucun réveil possible »
…
Je l’ai quittée à contre-cœur en lui disant que je repasserais, qu’il fallait qu’elle se repose en espérant que tout se remette en place.
J’ai interrogé l’infirmière qui m’avait fait bloquer quelques heures auparavant.
Les médecins sont perplexes, ils ne savent pas si elle est vraiment là malgré les réveils.
J’ai appelé mon oncle pour lui dire, et il m’a dit qu’il savait, qu’il l’avait vu « réveillée », mais que lui aussi supposait que c’était vide là haut car elle ne suivait rien des yeux. Ne sait-il donc pas qu’elle est faible et plus ou moins aveugle ?
Je suis la seule à avoir vu ce que j'ai vu ?
Je n’y comprends plus rien.
Par contre, s’il y a bien une chose qui m’horripile c’est qu’on me mente.
Alors voilà : on m’a menti. Sur une chose très importante.
Qu’est-ce qu’il se passe en ce moment ? Qu’est-ce qui ne va pas encore dans mon petit monde ?
Ma grand-mère est à l’hôpital. Depuis le 31 décembre, elle est dans le coma. Aucun réveil possible. Bilan neurologique catastrophique.
Samedi, j’ai eu le courage d’y aller pour lui faire mes adieux, à son âge… C’est perdu d’avance.
Après des déboires plus ou moins habituels avec la sncf, je suis arrivée à l’hôpital. Et quel hôpital !
La moitié des bâtiments abandonnés, deux ou trois services qui se battent encore en duel, et basta.
Le tout, très mal indiqué.
Bref. Je trouve enfin la chambre de ma mamie.
Et là je me dis que j’ai du mal comprendre le numéro de la chambre. Je ne reconnaissais pas la personne qui était dans ce lit. Je me suis trompée ?
Non. La preuve est bel et bien là : le nom indiqué est le bon. Allons bon, ma pauvre mamie, mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Les chutes du Niagara dans mes yeux. Ce petit corps tout amaigri dans ce lit trop grand, qui dort et qui semble rêver, ma grand-mère ? Impossible !
Et pourtant, les rides de ses yeux, le nez, les cheveux grisonnants… C’est pourtant bien elle. Ça m’a sonné. Je n’imaginais pas ça. Ça m’a ôté tous les mots que je pensais pouvoir lui dire. Je me suis retrouvée muette et en sanglots devant le désastre.
J’ai fini par me reprendre, convaincue que de toute façon. J’étais là pour des adieux. Si ce n’était pas la preuve que tout allait finir bientôt que j’avais sous mes yeux, qu’est-ce que ça pouvait être d’autre ?
Après des bisous, des caresses, des pleurs et des au revoir, on m’a interrompue pour des soins. Je m’apprêtais à partir quand l’une des infirmière m’a signalé que je pouvais y retourner, et qu’elle était un peu réveillée. L’infirmière pas du tout choquée, et moi en mode « hein ? ».
Juste « hein ? » même pas de « quoi ? Kesskelladitlà ? ». Juste « heiiin ? »
Définitivement, en mode wtf, je décide de m’en assurer moi-même.
Effectivement, elle a les yeux ouverts, les rides plus accentuées, l’air plus « vivante » que tout à l’heure. Je décide de rester. De lui parler. L’infirmière lui hurle dans les oreilles un « VOUS AVEZ DE LA VISITE ! VOTRE PETITE FILLE ! » Et moi de me dire que ma pauvre grand-mère, qui n’est absolument pas sourde, allait finir par le devenir si elle subissait ça à chaque visite.
Je lui ai donc parlé, entre deux nouveaux sanglots.
Me comprenait-elle ? Savait-elle où elle se trouvait ?
Je le lui ai brièvement expliqué. L’accident, le coma. Ma surprise, également.
Et elle pleurait. Aussi peu qu’elle le pouvait, n’étant hydratée que par intraveineuse. Mais elle pleurait. Ce qui me laisse imaginer qu’elle pense, qu’elle est. Mais elle n’a pas réagit. Ou elle n’en avait pas la force, ou elle n’en avait pas les moyens. Je crois qu’elle a essayé de me parler. Mais je ne saurais dire si ce n’était que de l’espoir de ma part, ou une manifestation de frustration de sa gorge face à l’assèchement.
« Aucun réveil possible »
…
Je l’ai quittée à contre-cœur en lui disant que je repasserais, qu’il fallait qu’elle se repose en espérant que tout se remette en place.
J’ai interrogé l’infirmière qui m’avait fait bloquer quelques heures auparavant.
Les médecins sont perplexes, ils ne savent pas si elle est vraiment là malgré les réveils.
J’ai appelé mon oncle pour lui dire, et il m’a dit qu’il savait, qu’il l’avait vu « réveillée », mais que lui aussi supposait que c’était vide là haut car elle ne suivait rien des yeux. Ne sait-il donc pas qu’elle est faible et plus ou moins aveugle ?
Je suis la seule à avoir vu ce que j'ai vu ?
Je n’y comprends plus rien.
Ecrit par Volesprit, le Lundi 4 Février 2019, 16:32 dans la rubrique Divers blablas.