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Le temps d'un battement de coeur...
--> Et puis.
Et puis,
Et puis il y a les souvenirs qui reviennent d'un coup, comme un mauvais coup du sort. Comme une malédiction qui se fait plus forte d'année en année...



La première chose dont je me souviens, c'est d'une odeur.
Tout souvenir semble revenir à cause d'une odeur, un parfum. La seule voie qu'on ne peut éviter, à moins d'éviter de respirer.
Une odeur inhabituelle, un drap qui sent le propre. Mais pas un propre de maison, un propre d'hôtel. Impersonnel.



Puis, un son. Une voix. SA voix, qui me dit quelque chose. Un bain ? Mais elle a pas le droit...
Le bruit de l'eau qui coule. Bah, on est en sortie, et personne n'en saura rien.
Je souris, me retourne.



Puis, j'ouvre un oeil pour voir le réveil afficher 7:15.
Il est encore tôt, je peux traîner un peu encore.



Je me rendors, puis j'ouvre l'autre oeil. 7:25. Je vais être en retard si je reste au lit.
Alors, je me lève, toujours avec ce bruit d'eau.
Je regarde la chambre qui semble nickel, une chambre d'hôtel commune, deux lits, que je tente de faire tant bien que mal.

Une chose.

-Gwen, si tu sors pas de là tu vas finir par être en retard. Pas de réponse.

Je commence à me changer, puis, une pensée.
 
Elle ne m'a peut être pas entendue avec l'eau.

Je frappe à la porte, non verrouillée.
- Gwen ?
Toujours pas de réponse.



A ce stade, j'aurais dû m'inquiéter et me mettre à paniquer, sauf qu'à cet âge, on ne pense pas au mal, à ce qu'il pourrait arriver de pire. On s'était réconciliée dans cette chambre, quel mal pourrait-il arriver ?



Je rentre, le rideau est tiré, je suis encore en sous-vêtements, j'hésite.
- Gwen ?
Bah, c'est une fille, elle en a vu d'autres.

Je tire le rideau. Et là ça commence à être flou.

Je la vois, sous l'eau comme endormie, paisible.
- Gwen ?!
Le temps d'un battement de coeur, je ne comprends pas. Elle me fait une blague ?

Puis, la panique, comme un éclair, le coeur se remet en fonction; tout comme mes bras, qui plongent dans une eau brûlante, si brûlante. Pour elle, pour la ramener à l'air libre.
Elle est inerte, tellement lourde, je sais que c'est comme ça depuis un moment: sa peau glisse, elle est pâle, les yeux fermés.



Je crie, je veux qu'elle ouvre les yeux. Je la gifle. Une fois, deux fois. Ca n'a aucun effet.
Je la cale pour qu'elle ne glisse plus, dans un autre éclair, je plonge ma main et la ressort avec le bouchon de la baignoire. On sait jamais.

Je sors de la chambre, une personne me croise. Je suis en soutien gorge, qui s'en soucie ?
Je hurle dans les couloirs, à l'aide. De l'aide.
Je frappe aux portes comme une damnée. Personne n'ouvre. Pourquoi ?



Troisième porte. Une amie ? Qui c'est ? Peu importe.
- Va chercher les profs, c'est Gwen !


Je fais volte face, et je retourne auprès d'elle. La porte, pourtant prévue pour ça, ne s'est pas encore refermée.
Elle commence à glisser, je la relève, réessaye de la réveiller.

Encore une gifle. Toujours la même chose.


Je ne peux pas la laisser comme ça. Je la prends dans mes bras, et je la porte. Tellement lourde pour un si petit corps... Je parvins à la hisser, je l'allonge par terre. Je met une serviette dessus, ou bien c'est la professeur d'italien qui vient d'arriver ?



On s'en fout.



- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?


Hein ? Mais qu'est-ce qu'elle dit ? On s'en fout ! Il faut la réveiller, faire du bouche à bouche, quelque chose !!
- Je l'ai trouvée dans le bain comme ça !
- Les pompiers arrivent, dit l'autre professeur, au téléphone.
- Va dans la chambre.


Je vais dans la chambre ? Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Ils en mettent du temps à arriver !!! Grouillez vous !

Enfin. Ils sont là, ils vont la réveiller, je le sais.

- Ca fait combien de temps qu'elle était sous l'eau, à peu près ?
Moi, catégorique:
- Pas plus de 10 minutes.
- Quelqu'un va venir s'occuper de vous, attendez ici.

Plus tard, encore. J'ai rangé nos affaires. Plus rien ne traîne, ils l'ont emmenée dans le couloir, j'entends ce qu'ils disent, mais je ne comprend rien. Et puis, une voix, comme sortie d'outre-tombe.



- Racontez moi.




Ecrit par Volesprit, le Vendredi 2 Mai 2014, 08:33 dans la rubrique Divers blablas.

Commentaires :

zoumzoumzen
11-09-14 à 09:30

Bonjour,
Je me permets de laisser un commentaire sur votre blog.
Je commence à comprendre la raison de votre mal-être, sur cet article précisément...La confrontation avec la mort est toujours un traumatisme, consciemment ou in consciemment, on la redoute, on la cherche, on la nie, on l'accepte, on la subit, on la provoque....Elle nous rappelle notre condition éphémère quand elle est accidentelle, Elle nous rappelle aussi notre condition humaine quand elle est choisie (nous sommes le seul animal terrestre à pratiquer le suicide...)...Je ne sais pas si cela peut vous aider, mais je sais par expérience que ca finira pas passer, que les souvenirs vont s'estomper, vous n'oublierez jamais, mais vous vivrez avec plus simplement. Le réconfort ou l'oubli provoqué par le Rosé ne vous aidera pas, bien au contraire...Détaché vous de lui au plus vite, au risque de vous perdre.
Pardonnez cet intrusion dans votre vie si ces écrits vous dérange, et n'hésitez pas si au contraire, vous pensez que échanger quelques mots peut vous aider.
Prenez soin de vous.
Zoumzoumzen